Le W3C a été créé en 1994 par le fondateur du web, Tim Berners-Lee, dans le but de standardiser les protocoles permettant de rendre compatibles les infrastructures et logiciels d’Internet, en instituant des modalités de production et de circulation du contenu qui fonctionnerait sur tous les ordinateurs quelle que soit leur configuration. Y furent notamment standardisés les protocoles HTTP pour transférer, URL pour localiser et HTML pour décrire les données. Ces trois protocoles sont à la base du world wide web, c’est-à-dire de l’usage de l’infrastructure Internet consistant à publier et à consulter des documents depuis un logiciel appelé « navigateur » (Firefox, Internet Explorer, Safari, Chrome, Opera).
CM : Vingt sur vingt. Zéro faute.
Pour la suite, je ne vais relever que ce qui est incorrect.
La vocation du W3C est de servir d’arène aux discussions concernant les modifications à apporter à ces protocoles,
CM : Oui.
et, une fois qu’une modification a été actée, de faire son possible pour que les acteurs concernés agissent en conséquence.
CM : Non, pas vraiment. Les acteurs concernés sont à la table de la standardisation parce qu’ils sont concernés. De ce fait, ils agissent en conséquence.
C’est donc un organe essentiel dans la gouvernance du web à l’échelle mondiale, pourtant peu connu des utilisateurs.
N’importe quelle personne morale peut devenir membre du W3C, pour un montant variant selon son statut et sa taille (jusqu’à 59 000 euros par an pour une grosse entreprise en France), et participer ainsi aux négociations en y faisant valoir ses intérêts.
Le processus de standardisation du W3C est décrit dans le «
W3C Process document », qui est en quelque sorte,
comme l’a écrit Andrew Russel, la « Constitution » du consortium. Toute discussion concernant un protocole commence par la formation d’un groupe auquel participent les représentants des organisations membres du W3C pourvu que celles-ci en aient formulé la demande, des employés du W3C ainsi que certains experts invités étant donné leurs compétences sur le sujet. Chaque groupe édicte sa propre charte, comportant la description du sujet, une durée envisagée (variant entre six mois et deux ans), les objectifs et les règles de la discussion.
CM : C’est un détail, mais “six mois” n’est pas réaliste, aussi, aucun groupe n’est lancé pour une telle durée. Par contre, on étend volontiers des groupes existants pour six mois afin leur permettre de finaliser leur travail.
Chaque modification significative des protocoles existants doit franchir cinq étapes : First Working Draft (FWD), Working Draft (WD), Candidate Recommendation (CR), Proposed Recommendation (PR) et Recommendation (REC). Chacune de ces étapes correspond à un degré de maturité spécifique dans le sens où, petit à petit, la modification doit faire l’objet d’un consensus de plus en plus fort et avoir prouvé son efficacité en subissant des tests techniques de plus en plus exigeants. À chaque étape, si le Comité consultatif — composé d’un représentant pour chacun des membres du W3C (
ils étaient 463 en septembre 2017) — juge que les conditions ne sont pas réunies, le texte est renvoyé à l’étape en cours, ou bien à l’étape précédente. Seule la dernière étape, REC, a valeur de norme officiellement reconnue par le W3C. (C’est l’accession par l’EME à cette étape qui a provoqué le départ de l’EFF.)
Certains auteurs n’hésitent pas à qualifier l’inventeur du web de « dictateur »
CM : Je note que je n’ai aucune idée de qui sont ces auteurs, de quoi ils sont auteurs, ni même d’où ils qualifient l’inventeur du Web de dictateur.
Le processus du W3C confère un pouvoir considérable au directeur du W3C, qui n’est autre que Tim Berners-Lee, puisque celui-ci peut prendre en dernière instance des décisions qui ne vont pas dans le sens de l’avis exprimé par le Comité consultatif ou bien trancher alors qu’il reste des objections formelles n’ayant pas été résolues. Pour cette raison, certains auteurs comme Jeremy Malcolm n’hésitent pas à qualifier l’inventeur du web de « dictateur ».
CM : Qui est cet auteur qu’on nous présente en expert sans le présenter ? Quels sont ses références et qualifications ?
Il ne fait pas partie de groupes de travail au W3C (*), ni n’est un représentant du Comité consultatif.
(*) Il est cependant participant d’un des W3C Community Groups, groupes ouverts au public permettant entre autres d’incuber des technologies et spécifications pour les porter officiellement à l’attention de tous via un groupe de travail.
Si le Comité consultatif n’est pas d’accord avec la décision prise par le directeur, il existe tout de même une procédure d’appel. Si au moins 5 % des membres du Comité se prononcent en faveur de l’appel, cela déclenche un vote de toutes les organisations membres du W3C visant à accepter ou rejeter la décision du directeur. Avant 2017, cette procédure n’avait jamais été invoquée.