Rêve: mission au Moyen-Orient

Si souvent mes rêves sont ancrés dans la réalité, celui dont je sors en est loin, très loin. Je suis au Moyen-Orient, en mission. L’endroit est magnifique. Je me fais la réflexion qu’il faudra que je revienne avec Vlad. Le petit village sur une colline est dépaysant et pittoresque, dans un pays superbe, dont je n’ai vu que quelques images au cours du briefing récent de la mission.

J’ai deux co-équipiers, deux hommes costauds et sombres que je ne connais pas. Je n’ai véritablement vu l’un d’eux qu’en photo. Ils l’ont décrit comme une tête brûlée, qui parle beaucoup et regrette souvent ce qu’il dit à l’instant où il le dit. Il sera un leurre, dans l’opération. Mon autre co-équipier s’appelle Hassan. Il vient d’avoir une conversation discrète au téléphone, et c’est ainsi qu’il s’est présenté.

Nous sommes dans une planque. Un petit appartement très décoré, mais avec goût, exigu et semi-occupé par un vieux bonhomme ronchon qui porte une grande djellaba marron camouflant le bébé silencieux qu’il porte contre lui. Cet homme fait de fréquents allers-retours en bougonnant, entre l’ordinateur de son appartement et la boutique de souvenirs, séparés par une étroite ruelle touristique. Il parle notre langue. On ne se connait pas, mais il sait qui nous sommes. Nous attendons la suite de l’opération, Hassan est encore très tendu.

Il s’allonge sur le lit double, croise les bras sous sa tête, ferme les yeux et se relaxe. Quelques secondes plus tard, il se lève et arpente le peu d’espace libre des quartiers qui sont les nôtres. Quant à moi, je lutte contre le point de côté qui m’a assaillie dans la course-poursuite qui s’est terminée là pour nous. Nous avons semé nos assaillants grâce à Pedro. Pedro, c’est le bavard. Il a dévié la poursuite loin de nous, je l’ai à peine aperçu. Hassan ne s’inquiète pas pour lui, il doit déjà être à l’autre planque, de l’autre côté du village, la partie qui surplombe la vallée aride et les canyons. Je languis du lendemain.

Je passe la porte ouverte et descends les quelques marches sous la voute, je suis dans la ruelle éclairée par le soleil couchant. Je suis concentrée sur ma respiration, longue et soutenue, et je regarde les articles colorés qui jonchent le sol, couvrent les murs et débordent des échoppes, sans les voir. Je pars à petites foulées, espérant que l’exercice soulagera mon point de côté. Je fais le tour du quartier, c’est beau. Les gens s’affairent, discutent, passent, marchandent. Personne ne me voit. En franchissant le seuil peu de temps après, Hassan attrape mon bras et m’attire vigoureusement à l’intérieur. Il y a vraisemblablement une hiérarchie dans notre tandem, et mon escapade était une insubordination à ses yeux. Il me sermonne et gesticule en arpentant le couloir, et tout en tenant ma main, me guide vers la carte étalée sur une table; il a reçu nos ordres pour demain.

C’est une femme qui coordonne la mission. Je la crains. Nous la craignons tous. C’est à Hassan qu’elle parle. Il me donne les détails. L’événement est exceptionnel. Le monde l’attend depuis plusieurs générations. Les mots du briefing me reviennent en mémoire, et dans mon esprit je me figure ce qu’ils m’évoquent. Les enfants, les femmes et le hommes que nous escorterons s’y sont préparés toute leur vie. La foule occupera chaque partie déserte de la colline, au-dessus du village. Nous formerons une ligne; d’un côté les fidèles et à l’écart, les autres.

Devant nous, réunis au bord des falaises, face à la vallée ocre et dorée, les élus porteront des habits blancs dont les pans battront dans le vent chaud. De longues robes à capuches, aux manches longues et amples qui cacheront les trésors dans leurs mains. Derrière nous le vacarme deviendra rumeur, puis murmure et laissera place au silence, et à l’attente. Les fidèles lèveront les bras, les poings fermés pendant que les autres retiendront leur respiration et que le temps passera au ralenti. Le bruit des cœurs battants n’aura d’égal que celui des toiles blanches claquant au gré du vent. Et les mains s’ouvriront, offrant au sirocco une nuée de papillons. Des petits papiers blancs, pliés, légers, qui partiront en tourbillonnant. Consignés au crayon sur chacun, des mots de paix.

“SAV Apple, bonjour”

J’ai vécu aujourd’hui une expérience téléphonique incroyable. A tel point que je me suis demandé si je ne subissais pas un canular de François l’Embrouille.

Je téléphonais à Orange pour explorer les façons de régler un problème avec le bouton ‘home’ de mon iPhone qui ne fonctionne plus très bien. Après avoir franchi plusieurs étapes d’un conseiller à un autre, on me dit qu’on va me passer Apple. J’avais l’impression d’être dans un jeu vidéo et d’atteindre bientôt le boss.

Non seulement j’aurais voulu enregistrer l’anthologique conversation avec Apple dont les grands moments suivent, mais également me filmer pour voir ma tête à de divers (et nombreux) moments.

“Je vais pouvoir vous manipuler”
Un monsieur d’Apple prend la ligne et me dit d’entrée qu’il va pouvoir me manipuler puisque je n’utilise pas l’iPhone pour lui téléphoner. J’ai une vague idée de la tête que j’ai fait en entendant son introduction et son rire.

“C’est de la négligence!”
Je me suis fait réprimander d’avoir tardé à téléphoner. Quand j’ai dit que le bouton ‘home’ avait commencé à moins fonctionner il y a deux ou trois semaines, il a dit “Et c’est seulement maintenant que vous téléphonez? C’est de la négligence, Madame!”. J’imaginais la pauvre bête en regardant mon iPhone et je me voyais déjà accusée de non-assistance à iPhone en danger.

Faire un screenshot de ses SMS et MMS.
A ce moment-là de la conversation, j’ai eu un très gros doute quant à ses compétences. Il m’expliquait que si je restore mon iPhone, un certain nombre de mes données ne seront pas conservées et qu’il faudra que je fasse un screenshot. Je lui ai demandé de préciser et il a dit qu’un screenshot crée une pellicule qui s’ajoute à mon répertoire d’images. OK. Je lui demande si l’intérêt est de retrouver sur quel écran ranger mes applications et il me répond que non. Ah. Il élabore en expliquant que pour garder des traces de mes données je devrai faire un screenshot de mes SMS et MMS. Ouh la.

“Je ne peux que vous féliciter, Madame!”
Très peu de temps après, il m’a demandé si je faisais plutôt des back-ups ou je synchronisais mon iPhone. La réponse synchronisation m’a valu un chaleureux “Je ne peux que vous féliciter, Madame!”. Ça se passe de tout commentaire.

“Trente-cinq euros”
Pendant un bref retour à la question des données personnelles, il m’a rappelé de bien prendre soin de transférer de l’iPhone tout ce que j’ai pu acheter sur l’iTunes Store, comme la musique. Ah, oui, j’en achète de la musique sur l’iTunes Store. Alors comment puis-je procéder pour transférer ce que j’ai acheté? “Eh bien, control-click.” OK. Mais control-click sur quoi? “Sur l’iPhone!” Ah. Suivi d’un rapide “mais ne dites pas que je vous l’ai dit.” Et pourquoi donc? “Trente-cinq euros.” Je ne le suivais plus du tout, dans ce qui me semblait être un délire bien à lui. En fait, il venait de faire une incursion dans la phase consulting, phase payante, qui suit la période de grâce de 90 jours suivant l’achat de l’iPhone. Et le consulting auprès d’Apple, ça coute 35 Euros.

Au bout de vingt minutes, j’avais un rendez-vous à l’Apple Store le plus proche demain après-midi. Il me tardait d’abréger. En guise de conclusion, je demande si je devrai donner un numéro de dossier, ou dire que je viens de la part de quelqu’un. “Oui, vous dites que vous venez de la part d’Alain, et le boss de l’Apple Store sortira de son bureau pour vous serrer la main.”

Merci, Alain. Pour tout.