Lecture : Le roi n’avait pas ri (Guillaume Meurice)

 
Photographie de la couverture du livre, posé sur une couverture en laine claire. L'illustration est celle d'un fou du roi sous la pluie semblant transi de froid.

★★★★✩ Roman agréable à lire, prenant, et bien documenté.

Le Roi N’avait Pas Ri est une réflexion très pertinente sur les puissants, la place de la dérision, et les limites de celles-ci; ponctuée de citations d’Érasme telles que « L’avis donné en plaisantant n’a pas moins d’effet que le sérieux. La vérité un peu austère par elle-même, parée de l’attrait du plaisir, pénètre plus facilement dans l’esprit des mortels. » (Source : Lettre d’Érasme à Dorpius)

J’ai moins accroché aux transitions trop fréquentes et manquant de subtilité (mais heureusement fort courtes), entre le présent du héros narrateur (Triboulet) et le passé qu’il raconte. Leur intérêt m’échappe.

Je l’ai lu en trois incursions, n’ayant pas disposé du temps pour le lire d’une seule traite !

Un mot sur l’auteur

Guillaume Meurice est chroniqueur humoristique engagé, dans l’émission quotidienne « Par Jupiter !» sur France Inter. Pendant « Le Moment Meurice », composée de micro-trottoirs, il se penche sur l’actualité, les sujets controversés à caractère essentiellement politique, et met en avant leur absurdité, leur incohérence, leurs paradoxes, ou dresse des caricatures percutantes par le biais de ceux qui en parlent le mieux (ou le pire !) : les passants comme vous et moi qu’il interroge.

« Le Roi N’avait Pas Ri » n’est probablement pas un autoportrait. J’ai regardé récemment une entrevue où Guillaume Meurice précisait que non, il n’a pas tellement dérapé qu’il a eu à essuyer de lourdes conséquences. Par contre ça pourrait être un autoportrait dans une autre réalité. Car malgré les siècles qui les séparent, Triboulet et Guillaume Meurice tiennent des rôles similaires.

Le relire, par goût

Maintenant que je connais l’histoire, j’ai presqu’envie de recommencer la lecture pour me concentrer sur, et me délecter du vocabulaire et des tournures que Guillaume Meurice emploie.

À commencer par le nom du héros ! Il n’en a pas lorsqu’il est invité par Louis XII à passer sous les cordages séparant le peuple de la parade, afin de l’accompagner dans le cortège royal traversant Blois –et par la suite devenir fou du roi. Nommé « Laideron » (où le « e » n’est pas prononcé) par ses parents et fratrie, c’est dans l’enceinte du château, alors qu’il est relégué dans un enclos à poules, à porc-épic du roi et à fou du roi en titre, que celui qui le prend sous son aile et va l’éduquer s’approche, et alerté par la commotion entre servantes et fous, lui demande « Qu’es-tu en train de tribouler, toi ? » (tribouler, verbe transitif : agiter, remuer, troubler, embrouiller.) C’est ainsi que Laid’ron eut un nom. Comme les autres. Les normaux.

Et puis il y a cette scène improbable à la taverne où notre héros ayant gagné quelqu’argent se retrouve à boire du vin pour la première fois et l’aubergiste tente vainement de lui expliquer pourquoi on devrait dire « faire long feu » au lieu de « pas faire long feu », ou bien d’où vient l’expression « cul sec », sans jamais aller au bout ni de l’un ni de l’autre tant Triboulet beugle qu’il veut d’autres rasades.

Quant aux descriptions percutantes de simplicité sur l’absurdité de la guerre, ou les paradoxes de la religion : un régal.

Bref, je n’avais pas lu trente pages que je jubilais et me félicitais d’avoir pré-commandé ce livre pour sa sortie !

Description par l’éditeur

Triboulet fut le difforme et volubile bouffon de Louis XII et François Ier. À travers sa vie de frasques et de facéties, il testa chaque instant les limites de sa liberté. Jusqu’à… la blague de trop.
Le pouvoir tolère-t-il vraiment le rire ? Lorsqu’elle est permise par un roi, l’irrévérence fait-elle révérence ?
L’ascension et la chute de Triboulet, racontée par un bouffon du XXIe siècle.